Il y a un an, Marcelo était au fond du trou. À cause de ses blessures à répétition, le latéral gauche brésilien avait pris du poids et n’avait plus le rythme de la compétition. Heureusement pour Madrid, F.Coentrao s’est réveillé à temps et a été solide durant la seconde partie de saison. Depuis, le portugais est souvent blessé, Marcelo est revenu en forme. Entre ce temps-là, il y a eu la Décima, un été cauchemar, entre le naufrage du Mondial et le décès de son grand-père. Récit d’une renaissance.

marcelo-editedNous sommes le 24 Mai 2014. Le Real Madrid joue la finale de la Ligue des Champions, face à son ennemi de l’Atléti. Et c’est mal embarqué. Carlo Ancelotti fait entrer Marcelo et Isco à l’heure de jeu pour apporter de la fluidité dans le jeu, étirer le bloc des colchoneros et donc multiplier les attaques dans la surface de T.Courtois.

Après un but de Sergio Ramos dans le temps additionnel, c’est Gareth Bale qui a mis le but du 2-1 après un énorme travail d’Angel Di Maria. Épuisée, mentalement et physiquement, l’équipe de Diego Simeone rompt. Mais il manque encore un but – celui du break – pour parler de Décima, obsession de tout un peuple depuis une décennie.

Le Real Madrid fait tourner le ballon, devant une équipe totalement OUT. Cristiano Ronaldo, sur le côté gauche, donne la balle à Marcelo. Le brésilien avance avec le cuir, à la quête d’un rêve, d’une envie de marquer l’Histoire madrilène. Plus il avance, plus la défense adverse s’écarte. L’action nous rappellerait presque un récit sacré. Le natif de Rio de Janeiro tire, et voit Courtois laisser le ballon entrer dans le but. Avec l’émotion, il hésite à enlever son maillot. Il s’arrête et voit Gareth Bale s’approcher de lui. Les sentiments arrivent, le noient. On comprend alors que la Décima est enfin là, après tant d’années de cauchemar et déception.

« Quand je suis arrivé en finale de C1 et que j’ai marqué mon but, j’ai vu un film défiler dans ma tête qui me remémorait tous les moments difficiles. »

Le comportement de Marcelo lors de son but est marquant. Si certains pensaient qu’il faisait ses adieux au R.Madrid après une année très compliquée, finalement il n’en est rien. Sa mauvaise saison a dû y jouer, mais l’amour du maillot est sûrement la plus grande explication. Marcelo est un passionné. Le foot est dans ses veines. Le Real Madrid aussi. C’est un grand sentimental. Son visage montre énormément de choses, notamment quand le Real perd. On sent toute sa frustration et sa déception. Considéré presque comme un « canterano », le peuple madridista l’a vu grandir.

Le naufrage du Brésil

Lors de l’humiliation 7-1 infligée par l’Allemagne, Marcelo était bien présent. À l’image de sa défense, il n’a pas brillé. Pas forcément connu pour ses qualités défensives – et c’est un euphémisme -, Marcelo a regardé les allemands attaquer, comme tous les brésiliens ce soir là. D’ailleurs, dès le premier match du Brésil en Coupe du Monde, malheureux, Marcelo marque contre son camp. Le naufrage brésilien en ½ de Coupe du Monde a laissé des marques pour beaucoup de joueurs, dont la paire Thiago Silva – David Luiz qui a mis du temps pour revenir au haut niveau.

Marcelo, étant un passionné, ce naufrage lui a fait mal. D’autant plus que le joueur du Real Madrid a appris le décès de son grand-père. Un été 2014 à oublier, définitivement. À cause de sa Coupe du Monde et aussi du pragmatisme de Dunga, Marcelo ne sera pas appelé avant des mois en sélection du Brésil. Le temps de retrouver des couleurs, de se soigner.

Retour (presque) inespéré

Après une saison 2013-2014 mouvementée sur le plan personnel, Marcelo retrouve le Real Madrid lors de la pré-saison, en Août pour les mondialistes. Il retrouve peu à peu la forme, rien de bien virevoltant encore. Mais le brésilien est sur la pente ascendante, de bon augure pour la suite.tumblr_nlmx5ctEo11qdult5o1_500Le profil de Marcelo n’est plus à présenter. C’est l’archétype du footballeur brésilien. Pas très grand (1’72m), agile, virevoltant de par sa technique, et toujours porté vers l’avant. On pourrait même se demander qui a pu le proclamer « latéral gauche » lors de sa formation, tant l’aspect défensif de son poste lui paraît si futile. Néanmoins, Marcelo a progressé, notamment avec José Mourinho, c’est un joueur combatif, qui sait mettre l’intensité nécessaire. Mais c’est surtout sa qualité offensive qui est à retenir, avec laquelle il peut dynamiter son couloir gauche grâce à une exceptionnelle qualité de dribble et de provocation.

Depuis automne 2014, Marcelo est revenu à un excellent niveau. Il est le premier provocateur madrilène, il peut apporter le danger grâce à sa qualité de dribble, et la diversité de ses attaques. Marcelo a une grande palette technique, il peut inventer le dribble qu’il veut, et sent le jeu. Il sait quand il faut combiner, quand il faut faire un appel ou quand il faut centrer. Doté d’une bonne qualité de centres, il a déjà délivré 9 passes décisives cette saison. Il a marqué 2 buts, dont un superbe but à Schalke, en fin de match (victoire 2-0), du pied droit. tumblr_njzlcapkFM1tiwa1fo1_500En fait, Marcelo joue contre la monotonie du foot et la tristesse de la vie banale. Sa palette technique lui permet d’avoir une telle diversité dans ses prises de balle, qu’il ne rend pas le spectateur insensible, il ne rend pas le match ennuyeux. C’est un football vibrant, naïf parfois, et aussi très stressant pour le supporter, car Marcelo n’est pas un joueur rassurant. Il imprévisible. Mais c’est sûrement l’une de ses plus grandes forces. Son football est naïf, comme s’il n’avait jamais grandi, comme s’il n’avait jamais mûri. Il peut dribbler dans sa surface de réparation et s’en sortir miraculeusement. Logiquement, certains préfèreront des joueurs plus rassurants, qui savent d’abord bien défendre, qui sont solides. Et c’est totalement compréhensible. D’autres, par contre, aiment ce joueur car ils ont une autre vision du football, qu’ils veulent peut-être encourager, quitte à perdre une certaine rigueur défensive et à stresser à chaque perte de balle provoquée par le Brésilien.

Ainsi, Marcelo est un joueur parfait pour montrer la différence des personnes dans la perception de leur football. Tout le monde peut lui reprocher ses errances défensives, mais il est sur le terrain pour autre chose. Pour faire vivre la balle, pour faire rêver le spectateur, pour donner sens au foot. Quitte à délaisser ses défenseurs centraux. Mais bon, ce n’est qu’un détail, finalement…

marcelo - iker

rany

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