Recruté par Braga, à l’âge de 18 ans, Pizzi n’a jamais réussi à s’imposer comme titulaire. Il a ensuite arpenté les petits clubs du Portugal avant d’être recruté par l’Atlético de Madrid en 2012. Mais son transfert chez les Rojiblancos n’était qu’une escale de plus dans sa carrière. Après plusieurs années à vagabonder entre le championnat portugais et espagnol, il semblerait que Pizzi ait enfin trouvé son nid chez les Aigles du Benfica.


De « Pizzi » à « comandante »

Luís Miguel Afonso Fernandes alias Pizzi a vu le jour, il y a 25 ans, dans la ville de Bragança située dans le nord-est du Portugal. Comme la plupart des jeunes, il a vécu la passion du football à travers la rue. C’est dans ces rues, enfouies dans les terres, qu’est né le nom « Pizzi ». Son ami d’enfance, Michel Vieira, raconte son histoire :

« Quand on était petit, on jouait dans le quartier et chacun venait avec un maillot. Lui, il portait le maillot du Barça. A notre époque, c’était Pizzi (ndlr : Juan Antonio Pizzi) qui marquait le plus de buts au Barça et comme dans le quartier il en marquait beaucoup, on a donc commencé à l’appeler Pizzi et depuis c’est resté. »

Mais depuis peu c’est le surnom « O Comandante » (« le commandant » en français) qui fait surface. Lorsque le Portugais dépose le cuir au fond des filets, il entreprend alors une longue course avant de s’arrêter d’un pas ferme, ramenant sa main à hauteur du front et dirigeant son regard vers le peuple. Un salut militaire made in Bragança. Michel Vieira explique:

« Notre groupe d’enfance se nomme « a tropa » (la troupe en portugais) et on lui a demandé de nous faire une dédicace. C’est là qu’il a eu l’idée du salut militaire et aujourd’hui c’est quasiment devenu son image de marque.»

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Le nouveau « huit » de Jorge Jesus

À Benfica, le bonheur des uns fait le bonheur des autres. Le départ d’un cadre est une opportunité pour un autre joueur de se révéler. C’est machinal.

Cela fait quelques mois maintenant qu’Enzo Pérez a quitté la capitale portugaise et s’est envolé vers d’autres horizons. Et comme à chaque départ, surgie l’éternelle question : qui sera le successeur ? Samaris ? Ou encore Talisca ? Deux options, parmi tant d’autres, qui ont été testées par Jorge Jesus, mais en vain.

Samaris est en pleine ascension et ses progrès comme milieu défensif sont notables match après match. Recruté cet été à l’Olympiakos, le Grec commence à justifier les 10M€ investis dans son transfert.

Quant à l’option Talisca, ce fut un échec. Après un début de saison incroyable, le Brésilien a vite côtoyé les étoiles avec 9 buts en 15 rencontres. Lui qui pourtant n’est pas un buteur, il a tiré Benfica vers le haut en marquant un tiers des buts de l’équipe encarnada. En raison des nombreux blessés et du départ d’Enzo Pérez pour Valence, Talisca a reculé au poste de numéro 8, mais, à ce poste, il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Jorge Jesus, entraîneur du Benfica, a donc dû faire appel à ses capacités de reconversion et de créateur. Nouveau joueur, nouvelle invention. Celle-ci se nomme Pizzi.

Pizzi évoluait à Braga, quand le club a décidé de recruter le coach portugais. Six ans après, leur chemin se croise à nouveau. Autant dire que Jorge Jesus le connaît comme s’il l’avait « fait ».

« Je le connais comme ma main. Il a joué comme ailier et aussi comme deuxième attaquant, mais jamais comme milieu offensif.» – Jorge Jesus

Une fois de plus, Jesus a eu du flair en convertissant un attaquant en numéro huit. Pizzi a su tirer son épingle du jeu, en profitant de la vague laissée par Enzo Pérez et de la baisse de forme de Talisca.

Seul l’élève a l’espoir de dépasser le maître

« Il y a deux joueurs capables d’occuper le poste d’Enzo Pérez : Pizzi et Talisca. » – Jorge Jesus

L’une des premières choses que l’on regarde chez un milieu de terrain, c’est sa qualité de passe et à ce jeu-là, Talisca semble être devancé par le Portugais.

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Dans le football moderne, les coups de pied arrêtés ont pris une importance considérable. Avec Pizzi, Benfica gagne un atout précieux à ce niveau-là. Une denrée rare, non négligeable pour son entraîneur : « pour les coups de pied arrêtés on n’en a pas beaucoup comme lui » déclare-t-il.
Une fois de plus les chiffres confirment cela. Depuis que la patte droite de Pizzi se charge des coups de pied arrêtés, un corner est synonyme de but. Lors des 3 derniers matchs 12 buts ont été inscrits, dont 3 sur corners tirés par le numéro 21.

Après la qualité de passe, vient l’efficacité et encore une fois Pizzi se démarque de Talisca. Si le Brésilien tire plus que le Portugais (2,4 tirs par match contre 1,7 pour Pizzi), « O Comandante » est celui qui cadre le plus ses tirs : 50% de tirs cadrés face à 37% pour Talisca.

On peut donc affirmer qu’actuellement, Pizzi est plus complet que Talisca pour le poste de milieu offensif.

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« Offensivement il n’y a rien à dire, sur cinq passes, il en rate une. Mais défensivement il est encore fragile. Au début, il ne connaissait pas bien les processus défensifs, mais il est en train de s’améliorer à ce niveau. » – Jorge Jesus

Le milieu offensif joue le rôle de rampe de lancement vers l’attaque, mais doit également être capable de récupérer des ballons et faire preuve d’agressivité sur le porteur du ballon. C’est sur ce point-là que Pizzi a encore du chemin à faire.

Pour devenir le meilleur quoi de mieux que d’apprendre avec les meilleurs. Afin d’imprégner Pizzi d’une culture défensive, Jorge Jesus a décidé de lui montrer des vidéos de son prédécesseur : Enzo Pérez, mais aussi de Nemanja Matic.

L’élève dépassera-t-il le maître ? Si du point de vue offensif, on peut affirmer que Pizzi a pris un léger avantage sur Enzo Pérez, rien n’en est moins sûr pour l’aspect défensif.

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Pizzi a tout ce que requiert un bon milieu : doué techniquement, bon passeur, habile face au but et une bonne vista. Il lui manque néanmoins ce qui faisait la force d’Enzo Pérez, c’est-à-dire la capacité de rupture et le pouvoir de porter l’équipe vers l’avant. Si Pizzi parvient à ajouter ces deux atouts à son bagage tactique, il se pourrait que l’élève dépasse le maître.

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À 25 ans, il n’est pas trop tard pour que Pizzi puisse espérer voir sa carrière décoller. Le Portugais a su se révéler là où on l’attendait le moins : au poste de numéro 8. Malgré des statistiques prometteuses, le plus dur reste à venir. Il faut confirmer. De plus, si Pizzi parvient à devenir un joueur clé dans l’effectif de Jorge Jesus, le numéro 21 des Aigles pourrait attiser la curiosité du sélectionneur portugais, Fernando Santos, et pourquoi pas arracher une place en vue de l’Euro 2016. Son destin est entre ses mains.

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