Engagements du futur n°3 : la jeunesse sud-américaine

Contribution

Direction l’Italie et une nouvelle fois l’Espagne pour ce troisième et premier opus de cette année 2015 pour Engagements du futur. Ici, on aura affaire à deux jeunes pousses montant considérablement en régime sur les derniers mois et qui donc, correspondent de moins en moins aux critères à la base de cette « chronique » car ils commencent à avoir une ascension assez fulgurante. Mais le fait que je souhaite absolument les présenter depuis le début de cet édito (c’est-à-dire en début de saison) et le fait qu’ils ne soient pas encore énormément connus du grand public français, cela me pousse à les choisir pour vous expliquer pourquoi je les vois comme étant des attractions futures lors des années à venir.

1Les deux sont issus d’Amérique du Sud et sont arrivés en Europe à 18 ans seulement. L’un est plus âgé et est donc arrivé plus tôt. Il est actuellement LA révélation en Serie A : Paulo Dybala. Il a éclaboussé ce championnat de tout son talent sur cette première partie de saison 2014-2015 après avoir fait un petit séjour d’un an en Serie B avec son club, Palerme. Et pourtant, cela n’a pas été aussi facile que prévu pour le jeune argentin. La Joya s’est aguerri à l’Instituto de Cordoba, un club de deuxième division. Il n’a fait qu’une saison complète avec le groupe pro. Assez pour s’imposer comme un élément incontournable de son équipe et rapidement attirer les gros clubs européens. C’est Palerme qui a raflé la mise en déboursant pas moins de €12M afin de s’attacher ses services. Mais Zamparini lui se réjouissait de ce joli coup et n’avait aucun doute sur sa réussite ; la pression sur ses épaules était donc relativement forte.

« C’est le nouveau Kun Agüero. Nous l’avons chopé devant l’Inter, le PSG et Chelsea. » Maurizio Zamparini.

Lors de sa première saison, il a dû s’adapter aux exigences du football européen et n’a débuté « que » 11 matchs pour 3 buts en Serie A. La concurrence était aussi un facteur à prendre en compte avec des joueurs comme Miccoli, Abel Hernandez ou encore Ilicic qui lui barraient logiquement la route. S’en suit la descente en Serie B du club palermitain avec les départs de Miccoli et Ilicic qui devaient lui profiter. Mais malgré la confiance de son entraîneur, il n’a pas su être décisif et a dû attendre mars 2014 pour enfin se signaler. Il finit fort sa saison avec 5 buts en fin de championnat avec à la clé le retour de Palerme en Serie A cette saison. Et c’est à ce moment que l’éclosion de l’argentin va avoir lieu.

« Il ne peut pas penser qu’un match est fini après un ou deux gestes techniques. Il doit plus courir, amener plus de passes décisives et marquer plus. Il ne peut pas arriver au 5ème match de la saison sans avoir marqué. Je ne dis pas cela car je suis fou mais parce que je suis conscient de ce qu’il peut démontrer« . Rino Gattuso

2A-t-il eu un réel déclic ou est-ce une superbe forme passagère qui va s’arrêter ? À vrai dire, il semble avoir réellement franchi un cap lorsque l’on voit le contenu de ses matchs. Lance de fer de l’attaque sicilienne cette saison, Paulo Dybala se régale match après match et ça se ressent dans ses prestations. La plupart du temps aligné devant dans le 3-5-2 palermitain, u Picciriddu comme il est surnommé en Sicile, est épanoui dans un système tactique qui lui convient à merveille avec ce gros bloc défensif et ces attaques rapides. Chaussettes descendues à la manière d’un Francesco Totti, il peut faire des appels dans la profondeur mais le plus souvent il décroche pour éliminer, provoquer des fautes, distiller des caviars et même pour décocher des frappes lointaines de sa patte gauche. Dans une équipe censée jouer le maintien mais qui déjoue pour l’instant les pronostics avec une belle 9ème place, il a impressionné tout son monde : 10 buts à son actif en 18 matchs de Serie A dont celui où il a fait vivre un enfer à Zapata et son bijou face au Genoa entre autre. Sans compter ses 6 passes décisives. D’ailleurs, il n’y a que le romain Candreva qui a délivré plus d’assists que lui. C’est aussi l’un des joueurs qui réussit le plus de dribbles dans le championnat italien. Des chiffres étonnants pour un joueur qui n’a pas brillé plus que ça au niveau inférieur en Serie B. Ajoutez à cela, son apport défensif est essentiel pour son équipe. Avec son compatriote Vazquez (ou Belotti), ce sont les deux premiers défenseurs. Ils effectuent des pressings constants et ne calculent pas les efforts. Un joueur totalement différent de ce que décrivait Rino Gattuso de lui il y a un peu plus d’un an.

À 21 ans maintenant, il a encore le temps de progresser et de répéter ces performances sur la durée dans un club où il est un élément incontournable. Lui-même, bien que flatté par l’intérêt que lui portent les grosses écuries, n’est pas pressé à l’idée d’un départ. Il est suivi de près par les deux cadors mancuniens, Arsenal, Dortmund et même dernièrement le Paris-Saint-Germain. Mais ce n’est certainement pas Zamparini qui va le pousser vers la sortie, loin de là ! Surtout s’il n’obtient pas la somme qu’il réclame (c’est-à-dire €42m). Il va donc vraisemblablement terminer la saison en Italie avec Palerme. Mais au mercato estival prochain, il aura plus qu’un an de contrat (même s’il n’a pas exclu la possibilité de prolonger) et les clubs reviendront plus sérieusement à la charge s’il poursuit sa saison sur le même rythme. Et en ce qui concerne la Copa America avec l’Albiceleste, cela semble prématuré. Il a refusé une offre de la Squadra Azzurra disant qu’il « est né et se sent argentin » malgré ses origines italiennes (et même polonaises). Mais il a un rêve et objectif clair même s’il sait que la concurrence est rude à son poste : la Coupe du Monde 2018 en Russie. Sa progression et le choix de son prochain club vont être des facteurs déterminants.

 « Combien vaut Dybala ? Il vaut exactement le même prix que Pastore : 42 millions d’euros. Pour l’acheter, il faut un arabe, un qui extrait le pétrole pour un milliard par jour. Comme celui du PSG. Autrement, Dybala reste à Parlerme« . Maurizio Zamparini.

3Le second est un jeune uruguayen arrivé au mercato estival 2013 à l’Atlético de Madrid. José Maria Giménez. Quelques semaines avant son arrivée, il disputait la Coupe du Monde u20 avec son équipe nationale en étant surclassé de deux ans. Même si l’Atléti avait conclu son transfert quelques mois auparavant, ils ont dû être confortés dans le choix qu’ils ont fait. Aux côtés du latéral droit Varela qui a par la suite signé à Manchester United, Nicolas Lopez ou encore Laxalt et un joueur un peu plus connu en France en la personne de Diego Rolan, il a fait grosse impression dans une compétition où ils ont été jusqu’en finale après avoir éliminé l’un des favoris : l’Espagne. Une finale qu’ils ont perdue face aux Bleuets de Paul Pogba. Et après ça, tout s’est vite enchaîné avec la sélection uruguayenne pour lui : il est appelé à la trêve internationale qui suit ce Mondial u20 et il deviendra un membre à part entière avec les A. Malgré ça, il vit une première saison difficile voire frustrante avec le club madrilène puisqu’il n’a que très peu de temps de jeu (2 matchs joués seulement). Il est tout de même convoqué dans la liste des 23 uruguayens pour effectuer le Mondial brésilien. Il ne joue pas le premier match lors de la défaite face au Costa-Rica mais sera titulaire sur les trois autres matchs. Une ascension fulgurante au niveau de l’équipe nationale sur laquelle il va rebondir et profiter pour prouver sa valeur en club.

4Grand défenseur assez costaud (1,85m pour 80kg), il est d’une maturité incroyable pour un joueur âgé de tout juste 20 ans. Il affiche une sérénité et une sécurité déconcertantes. Au niveau du style de jeu, il peut rappeler à certains un Gerard Piqué de l’ancien temps : une intelligence de jeu qui lui permet de bien lire les trajectoires et d’être très bon à la couverture, des relances de qualité et un bon jeu de tête. S’il n’est pas dans ce registre d’axial à la couverture, il peut très bien museler le 9 adverse sans être en difficulté car il a une grosse puissance physique et est très bon dans les duels. Il a su profiter de la blessure de Miranda à la trêve internationale fin novembre afin de saisir sa chance. Aux côtés de son compatriote et collègue en sélection Diego Godin, il impressionne et fournit des prestations de très hautes-volées. Miranda blessé, il sera titulaire sur les 5 matchs suivants la blessure du brésilien et la défense madrilène n’encaissera qu’un seul petit but… Couronné le tout d’un super but face à Elche et une copie quasi-parfaite face à la Juve. Mais après cette bonne période, Simeone décide de titulariser de nouveau Miranda de retour de blessure face à Villarreal au détriment d’un JM Giménez en grande forme. Résultat : défaite 0-1 après 10 mois invaincus à Vicente Calderon. Giménez fait son retour le match suivant lors de l’avant-dernière journée de Liga à San Mames et l’Atléti l’emporte 1-4 face aux Basques. Miranda absent, il démarre les deux premiers matchs en cette nouvelle année : victoire face à Levante 3-1 et victoire face au Real 2-0 où il inscrit le but du break. Les chiffres ne trompent pas et ce n’est pas qu’une simple coïncidence. Ensuite, il sera titularisé de nouveau et assistera impuissant à la démonstration catalane en Liga et ne manquera que les matchs de coupe du Roi.

 « Tout ce qu’il m’est arrivé, c’est grâce à deux défenseurs incroyables qui m’ont toujours conseillé, appris et transmis leur expérience. Pour moi, Godin est à la fois une référence et un modèle. Miranda est incroyable et a de grandes qualités. Je suis reconnaissant pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. Je veux continuer de progresser, jouer plus et exploiter au mieux mes opportunités. » J.M Giménez.

Il grandit à une allure folle. Il est dans une période où il réussit à enchaîner les matchs à un haut niveau et Diego Godin a été un facteur important dans cette réussite car il l’a toujours encouragé et soutenu. Le natif de Toledo a su être très patient, travaillé dur, était déterminé et n’a jamais eu de doutes sur ses capacités. L’Atléti va peut-être être amené à faire un choix : soit la vente de José Giménez soit celle de Miranda car Miranda ne va certainement pas se satisfaire de s’installer sur le banc après les grosses perf’ de Giménez. Les Colchoneros ont repoussé une offre d’un peu plus de €20m pour l’uruguayen de la part de City alors qu’il était arrivé en Espagne en provenance de Danubio pour… 900 000 euros. Sa montée en puissance pourrait pousser les espagnols à laisser partir un Joao Miranda vieillissant mais souvent courtisé à chaque mercato par les gros clubs anglais prêts à offrir de grosses sommes non-négligeables. Travailleur et la tête sur les épaules, Josema a un potentiel énorme. Le potentiel pour devenir l’un des meilleurs défenseurs au monde à l’avenir.

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