À la tête du Bayern Munich depuis maintenant une année, Pep Guardiola est un homme de conviction. Convaincu. Donc convaincant. Sa force est celle de ses idées ancrées en lui et l’amour qu’il porte pour le ballon depuis ses premières dents. Génie pour les uns, agaçant pour les autres, la réalité est que Pep Guardiola a toujours les mêmes valeurs et idées, partout où il passe. Portrait.

Comme beaucoup d’enfants, Josep Guardiola i Sala a grandi avec son ballon. Il l’emmenait partout, tout le temps, il ne pensait qu’à ça. Élève discret, le petit Josep se faisait surtout remarquer lors des récréations. A l’école Llissach de Santpedor, son village natal, tout le monde se souvient de son habilité innée et son physique, fragile et frêle.

Pep était un enfant réservé, introverti, fidèle à son ballon. Il a été éduqué par les religieuses de l’école dirigée par Toni Besares. Ce dernier explique que Pep était capable de souffrir sans qu’on s’en rende compte : « Presque personne ne le sait, mais quand il allait au cours élémentaires, il tombait pendant la récréation plus d’une fois. Il s’est disloqué l’épaule, mais il n’a rien dit et ne s’est pas plaint. Il est retourné en classe, et retourné à la maison et c’est en rentrant qu’il disait qu’il avait mal. C’est sur ce genre de détails qu’on se rend compte qu’il supportait la douleur. Mais pourquoi il ne disait rien ? Je ne sais pas si c’était par crainte de se faire engueuler, parce que c’était son caractère ou de peur qu’on ne le laisse plus jouer. Il était très responsable ».

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« On organisait de matchs qui commençaient le lundi et se finissaient le vendredi. Le résultat pouvait être 58-49 ou quelque chose comme ça. L’objectif de tous les lundis était d’avoir Pep Guardiola dans ton équipe. Il était le plus demandé. Lors des récréations, il sortait vraiment du lot« . Toni Valverde (camarade de classe)

Un autre de ses amis et voisin, Joan Perelló, a passé de nombreuses heures à jouer dans la rue avec le futur du Barça, et bien que Guardiola n’était pas turbulent, il a en tête une anecdote dont il se souvient.  « C’était habituel de jouer sur la place ou dans la rue, là où se trouvaient les câbles d’électricité qui traversaient le village. Quand on commençait à jouer, on tirait au dessous pour toucher le câble, et le village se retrouvait sans lumière. Plus tard, le Land Rover de Fecsa arrivait et on disparaissait en vitesse ».

« On jouait avec toute sorte d’objets, mais Pep avait toujours un ballon avec lui, même à vélo. Il ne se séparait jamais de lui. Il était un peu réservé, mais surtout très vif et intelligent. Un enfant éveillé avec une grande capacité de leader ». Joan Perelló.

À 13 ans, Pep Guardiola est parti de Santpedor (son village natal) pour intégrer La Masia. À partir de ce moment là, il ne rentrait presque plus pour les vacances d’été ou de Noël. Durant la Fiesta Mayor, une fête populaire catalane, le club organisait des tournois de foot pour les enfants. Pep Guardiola était le préféré de tous. Le plus doué. Celui qu’on veut dans son équipe. Mais le directeur de l’école raconte qu’ « Un jour, je l’ai trouvé tout seul sur le terrain en train de tirer avec sa façon bien à lui. On s’est salué et il m’a dit qu’il était en train de jouer. Je lui ai dit que ça me paraissait bizarre qu’il soit là à ne pas participer au tournoi. Pep était déjà quelqu’un de très responsable et m’a répondu qu’il ne voulait pas risquer de se blesser et rentrer à La Masia pour un simple match de foot en salle ».

BtBQn6AIQAA6VXRLes rares fois où il revient dans son village natal, Pep Guardiola se montre toujours humble et proche. Comme s’il n’avait jamais quitté Santpedor. Toni Valverde raconte qu’il ne parlait jamais de football. Il prenait des nouvelles des proches et du travail.

« Je n’oublierai jamais le premier match qu’il a joué avec nous », se remémore son ancien coéquipier Toni Sánchez (délégué des Alevín du club). « C’était sur le terrain de Navarcles. Il est rentré en seconde période. Au milieu de terrain, on lui a conseillé de jouer comme il savait le faire, et cinq minutes plus tard, on s’est tous regardé et on s’est dit : Quel joueur ! Il avait un an et demi de moins que nous et il nous a tous bluffés ».

Guardiola était un enfant prodige et « il a été surclassé en Infantil alors qu’il avait l’âge d’un Alevín au Gimnàstic. Il commençait même à décider du sort des matchs et le Barça a commencé à le suivre ». Casado et Marsol furent ses mentors, et comme l’explique Toni Sánchez, «  ce sont deux institutions au Gimnàstic. En plus, Marsol avait joué à Can Barça au début des années 60. Il avait un nom ».

« C’était quelqu’un de très responsable, qui ne disait pas un mot et qui était timide. Au début, il ne parlait avec personne. Il jouait et voyait qu’il était le meilleur de l’équipe, mais il restait toujours aussi prudent. C’est dur à dire mais il était comme un manche à balai. On ne voyait que la tête. On lui a donné un corps au Barça« . Toni Sánchez

Un autre match mémorable de Guardiola avec le Gimnàstic de Manresa fut quand « il avait 10 ans et il jouait avec des gosses de 12 et 13 ans. C’était sur le terrain de Sant Vicenç de Castellet et il est entré en jeu en deuxième période alors qu’on perdait 2-0. Le match a fini à 5-2 et tout le public de Sant Vicenç a fini par l’applaudir ». Pep a été décisif, bien qu’à cette époque, « il n’avait pas non plus la chance de marquer. Velasco était là pour ça ». Toni se réfère à Enrique Velasco, un autre joueur du Gimnàstic qui a vécu à La Masia. Son seul regret est que Pep ne leur rende visite « ne serait-ce qu’une fois par an ».

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Le Barça dans le cœur

 B5Y-8jDCQAEmXwxComme dit précédemment, Pep Guardiola rejoint le FC Barcelone fin Juin 1984, il intègre La Masia, le célèbre centre de formation du club catalan. Il monte en équipe première lors de la saison 1990 – 1991. Johan Cruyff compte sur lui, malgré sa jeunesse. D’ailleurs, il est important de noter qu’il venait de monter en Barça B l’année précédente. Une belle progression pour le milieu de terrain qui disputera 4 rencontres de Liga et partagera les entraînements avec le groupe professionnel et la filiale.

Après avoir remporté la première Liga (1991), Guardiola est devenu indispensable au sein du Dream Team qui remporta la Liga et la Ligue des Champions. Une fois la saison terminée avec le FC Barcelone, Pep a achevé la saison 1992 avec la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Barcelone avec la sélection espagnole.

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« À son arrivée, il était spécial, très mince, mais avec des qualités incroyables et une grande nervosité. Il vomissait même dans les vestiaires avant les matchs parce qu’il était nerveux. C’était un gamin qui assumait énormément de responsabilités. Un leader« . Oriol Tort, responsable de la Cantera du FC Barcelone à l’époque.

« C’était un leader. À 18 ans, il osait même dire à Koeman ce qu’il devait faire sur le terrain. Il vivait et analysait les matchs de façon incroyable »

Josep Guardiola, Barcelona

Pep devient de plus en plus important, dans une équipe qui remporte deux fois le championnat espagnol avec un football impressionnant. Après la finale de la Ligue des Champions perdue de 1994, un nouveau projet prenait forme, et la dénommée ‘quinta del Mini’ faisait partie intégrante de l’actualité azulgrana à partir de l’année 1995. Il hérite du numéro 4 après le départ de Koeman. Il l’a porté jusqu’à la fin de son aventure catalane en tant que joueur. Pep devient le leader de l’équipe du FC Barcelone et de la sélection espagnole.

Le remplacement Cruyff par Robson a signifié le premier grand changement pour Guardiola en tant que joueur. Il avait succédé à José Mari Bakero comme capitaine (1996 -1997). Pep Guardiola quitte le FC Barcelone en fin de saison 2000-2001. Entre temps, il voit Robsen et Van Gaal diriger l’équipe et gagne 2 autres Ligas, 2 Coupe du Roi, une Supercoupe d’Espagne, une Supercoupe d’Europe et une Coupe des Coupes. Un dernier match au Camp Nou, face au Celta, en Copa. Son aventure culé terminée, Pep part en Italie. N’entrant pas dans les plans de Fabio Capello à l’AS Roma, il signe à Brescia. Cependant, fin 2001, il est contrôlé positif à un test anti-dopage et est condamné à sept mois de prison et quatre mois de suspension. Il sera finalement relaxé pour raison médicale et acquitté en appel en 2007. Durant cette période, il partira au Qatar, rejoindre le club d’Al Ahly en 2003 où il y découvre une nouvelle culture et rencontre des joueurs comme Gabriel Batistuta ou Claudio Caniggia.

J.Guardiola confirme sa retraite définitive du monde du football fin 2006 et son souhait est de devenir entraîneur. En effet, à l’émission ‘RAC-1’, il assure que sa tête « pense à une chose » que son corps ne peut plus supporter. « C’est suffisant comme ça. » Enfin, il explique qu’il entraînerait là où on lui proposerait un poste. « Quelqu’un doit t’ouvrir la porte. J’aimerais entraîner au sein d’un centre de formation, des enfants, car je n’ai ni l’obsession ni la prétention d’être au sommet de tous, car il faut respecter le processus. »


Suivre ses intuitions

L’ancien joueur, qui a marqué toute une époque comme membre de la ‘Dream Team’ barcelonaise qui a remporté la première Coupe des Clubs Champions des azulgrana en 1992, insiste sur « les premiers pas qui sont importants. » De plus, Guardiola rappelle qu’il est « un de plus de la grande histoire du FC Barcelone » et que « tout a un début et une fin » , et donc que « tout ce qui viendra à présent sera un plus. »

Avant de devenir entraîneur, Pep Guardiola avait été très explicite sur sa philosophie qui a fait l’entraîneur qu’il est désormais. « Lorsque je serai entraineur je suivrai mes intuitions. C’est-à-dire, que je ne peux transmettre à mes joueurs quelque chose que je ne ressente pas. C’est parfaitement clair pour moi. » Il finit son cursus et obtient le titre d’entraîneur de football à Madrid lors de l’été 2006. Lors de cette période, il fait d’importantes rencontres qui vont l’influencer. En effet, il rencontre Marcelo Bielsa, César Luis Menotti ou encore Ángel Cappa. Des hommes qu’il ne cessera de complimenter au fil de sa carrière d’entraîneur.

Lors d’une rencontre amicale face à Sabadell, l’entraîneur du Barça B explique que son groupe a de grande ressources et sait s’adapter à l’adversaire. Lui aussi le peut. Il le prouvera tout au long de sa carrière d’entraîneur, que l’on verra en détail dans une seconde partie…

Principale source : SPORT relayé par http://www.fcbarcelonaclan.com/ qui a fait un grand travail de traduction sur la vie de Pep Guardiola.

rany

Une réflexion sur “Pep Guardiola : Homme de conviction – Partie I

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